« Palier » ou « pallier » – « pallier à » ou « pallier »

« Palier » ou « pallier » – « pallier à » ou « pallier »

Le verbe « pallier » souffre d’un triple handicap : il se trouve fréquemment amputé d’un L, une préposition n’ayant pas lieu d’être lui est trop souvent accolée et sa signification a connu une évolution qui l’a éloigné de son étymologie. Voyons comment remédier à ces fautes si courantes, à l’écrit comme à l’oral, exemples à l’appui.

Palier ou pallier ?

Commençons par évacuer une faute récurrente, à savoir le nombre de L dans le mot « palier » ou « pallier ». Il peut en effet s’écrire de deux façons différentes, mais la signification n’est alors pas la même. Pour corser l’affaire, les deux mots étant homophones – ils se prononcent de la même façon – vous ne disposez d’aucune indication quant à leur orthographe.

La nature des mots « palier » et « pallier »

La première différence entre « palier » et « pallier » porte sur la nature de ces mots, c’est-à-dire leur catégorie : nom propre, nom commun, adjectif, adverbe, préposition, conjonction, etc.

  • Palier est un nom commun masculin, il sert à désigner une chose et s’emploie avec un déterminant masculin : un, le, son, etc.
  • Pallier est un verbe, il se conjugue et sa terminaison varie selon le temps : présent, passé, futur, etc. ; il s’accorde avec son sujet.

Il apparaît fondamental de connaître la nature de ces deux mots, car ils occupent dès lors une fonction différente dans une phrase. Or, c’est cette fonction qui permet d’appliquer les règles de grammaire, d’orthographe, de conjugaison et de syntaxe.

Palier ou pallier - pallier à ou pallier 2

Définition « palier »

Le nom commun masculin « palier » connaît plusieurs définitions.

Au sens propre

  • Plate-forme aménagée entre deux escaliers ou donnant accès aux locaux situés au même étage. Exemples : la porte donne sur le palier, les voisins de palier, le palier inférieur d’un escalier ou son palier supérieur.
  • Parvis d’une demeure modeste.
  • Partie horizontale comprise entre deux déclivités, c’est-à-dire deux éléments en pente.
  • Pièce fixe qui supporte et guide un arbre de transmission.

Au sens figuré

  • Phase de stabilité dans une évolution. Exemple : pour que cet aliment se conserve mieux, il doit être refroidi par paliers.
  • Segment presque horizontal de la courbe d’un graphique. Par exemple : les différents paliers d’imposition selon le montant des revenus.

Étymologie « palier »

Les racines de « palier » font l’objet de plusieurs assertions. On le trouve sous l’orthographe « paillier » dans la première édition du dictionnaire de l’Académie française. Il viendrait de l’ancien français « paelier » (poêle) ou « poaillier » (instrument qui soutient le mouvement), en raison de la forme plate de l’objet ou pour faire référence à une plate-forme suspendue qui servait de poêle en tant qu’instrument de chauffage entre deux étages.

« Palier » viendrait sinon d’une altération de « paillier » au sens de la paille ou du paillasson qui se trouve d’ordinaire sur un palier pour essuyer ses chaussures.

Les synonymes de « palier »

Les synonymes de « palier » sous l’acception « partie d’un bâtiment » : plancher, quai, mezzanine, gradin, plateau, plate-forme, podium, tablier.

Les synonymes de « palier » dans le sens « partie d’un processus » : étape, stade, phase, période, épisode, point, transition.

Définition « pallier »

La définition du verbe « pallier » a évolué au cours du temps. Son étymologie ne fait pas de doute, comme l’indique l’Académie française : il vient du bas latin (de l’Antiquité tardive, version parlée du IIIᵉ au VIᵉ siècle) « palliare » qui signifiait à l’origine « couvrir d’un pallium », c’est-à-dire d’un manteau en latin classique (utilisé dans la Rome antique du Iᵉʳ siècle avant Jésus-Christ au début du Iᵉʳ siècle après Jésus-Christ).

« Pallier » signifiait donc à l’origine cacher, dissimuler quelque chose en le présentant sous une apparence trompeuse. On peut par exemple pallier une situation compromettante en travestissant les faits pour la rendre convenable.

Aujourd’hui, « pallier » est devenu le synonyme de « remédier à ». Il prend aussi le sens d’atténuer ou de résoudre d’une façon provisoire et incomplète.

L’adjectif dérivé « palliatif » conserve cependant sa signification originelle : il présente ce qui agit sur les symptômes sans les guérir. L’évocation d’un traitement palliatif exprime bien la notion de cache-misère provisoire et insuffisant pour une maladie dont l’issue est fatale à plus ou moins long terme.

Voilà pourquoi le verbe « pallier » s’écrit avec deux L et comment il a changé de sens. Voyons maintenant comment il doit être utilisé au sein d’une phrase.

Palier ou pallier - pallier à ou pallier 4

Pallier à ou pallier ?

« Pallier » est un verbe du premier groupe dont la conjugaison de pose pas de problème. Le fait qu’il soit transitif direct implique :

  1. Qu’il se construit à l’aide d’un complément d’objet direct pouvant être un nom, un groupe nominal, un pronom, un infinitif, etc. ;
  2. Qu’il n’a pas besoin d’être suivi d’une préposition, contrairement aux verbes transitifs indirects.

Le verdict est donc sans appel : il faut dire et écrire « pallier » et enchaîner avec le complément d’objet direct ; l’emploi de « pallier à » constitue une faute impardonnable.

En effet, il n’existe aucune tolérance pour cette erreur de la part des linguistes. Or, en France et dans le monde francophone, l’emploi de « pallier à » s’avère malheureusement trop fréquent. Les médias et les politiques usent et abusent de ce verbe, d’une part en se méprenant sur son sens, d’autre part en l’affublant d’une préposition superflue. Ne vous laissez pas influencer et n’ajoutez jamais les prépositions « à », « au » ou « aux » derrière « pallier ».

Si vous tenez absolument à utiliser la préposition « à », préférez l’emploi du verbe transitif indirect « remédier à ».

Palier ou pallier - pallier à ou pallier 3

« Palier » ou « pallier » – « pallier à » ou « pallier », cherchez l’erreur !

Les phrases qui suivent sont-elles correctes ou incorrectes ? Dans le second cas, rectifiez l’erreur.

  1. Il a trouvé de la paille sur son pallier en rentrant de voyage, sans pouvoir expliquer d’où elle provenait.
  2. Pour pallier les défauts de construction, il a modifié totalement son projet.
  3. Pour pallier aux injonctions du gouvernement français qui lui intimait de baisser ses prix, il a préféré quitter la France.
  4. Pour palier la morosité de l’actualité en France, il a préféré partir en voyage et faire le tour du monde, même si son bas niveau en langue étrangère constitue un problème.
  5. Pour pallier sa fatigue chronique, il a eu recours à l’usage de produits illicites.
  6. Préférant les jeux à l’info, il pallie ses lacunes en lisant des résumés sur les réseaux sociaux.
  7. Il palie à son problème avec la langue française en lisant des articles pour se familiariser avec son usage.
  8. Elle pallie à l’augmentation des prix en abaissant son niveau de vie.
  9. Grâce à leur projet présent, ils peuvent pallier les coûts de construction et ajouter un étage.
  10. Du pain et des jeux, le gouvernement en revient toujours aux mêmes subterfuges pour palier à la morosité de l’info.
  11. D’après le dictionnaire, « pallier » vient de « pallium », le manteau.
  12. On ne cesse de parler du « tueur des palliers » dans l’actualité du jour.

Palier ou pallier - pallier à ou pallier 1

Les réponses

  1. Faux : palier.
  2. Correct.
  3. Faux : pour pallier les injonctions.
  4. Faux : pallier.
  5. Correct.
  6. Correct.
  7. Faux : il pallie son problème.
  8. Faux : elle pallie l’augmentation.
  9. Correct.
  10. Faux : pallier la morosité.
  11. Correct.
  12. Faux : paliers.
Continuer « à » ou « de » : quelle est la bonne préposition ?

Continuer « à » ou « de » : quelle est la bonne préposition ?

Continuer « à » ou « de » : quelle est la préposition devant suivre le verbe ? Les deux sonnent bien à l’oreille, car nous avons l’habitude d’entendre l’une ou l’autre de ces versions. Et effectivement, l’emploi des deux prépositions relève du bon français. Quel soulagement ! Oui, mais il ne s’agit pas là de caprices de la langue française, la signification n’est pas la même dans les deux cas. Voici notre guide sur le bon usage de « continuer de ou à » pour vous assurer que le sens de vos propos est bien conforme à votre intention, à l’écrit comme à l’oral.

L’utilité des prépositions dans la langue française

Les prépositions sont des mots invariables indispensables pour introduire des compléments : compléments d’objet indirect, compléments circonstanciels, compléments d’agent, etc. Elles permettent de se situer dans le temps et l’espace, indiquant un mouvement ou un déplacement.

Pour que nos phrases soient compréhensibles, il convient de les construire en employant le mot de liaison adéquat. La sélection de la préposition suivant « continuer » modifiant sa signification, il importe de comprendre les nuances entre continuer « à » ou « de ».

La différence de sens entre continuer « à » ou continuer « de »

 « Continuer à » ou « continuer de », tous deux suivis par des verbes à l’infinitif, évoquent une persistance, mais avec des nuances. La distinction est la suivante.

« Continuer à » s’applique à une action commencée qui se poursuit.

« Continuer de » relève davantage d’une habitude.

Prenons l’exemple de quelqu’un qui fume. Si cette personne est en train de fumer une cigarette, vous constaterez qu’elle « continue à fumer », alors par exemple qu’elle vient d’entrer dans un espace non-fumeurs. Ici, continuer à = poursuivre une action.

En revanche, si vous souhaitez savoir si cette personne a toujours l’habitude de fumer (parce que vous observez qu’elle n’a pas allumé une cigarette depuis votre rencontre), vous lui demanderez « Continuez-vous de fumer ? ». Ici, continuer de = un rituel qui persiste.

Le moyen mnémotechnique pour se souvenir de la règle « continuer à » ou « continuer de »

Pour vous rappeler de la préposition à utiliser derrière le verbe continuer, vous pouvez utiliser le moyen mnémotechnique qui suit.

  1. « Continuer À » commente une Action commencée.
  2. « Continuer DE » se réfère à une habitude qu’on ne cesse pas DE faire.

Euphonie continuer à ou de

La prise en compte de la prononciation de la phrase

Chaque règle a ses exceptions et celle-ci n’y déroge par ! Si le sens du propos importe, vous devez également tenir compte de l’énonciation de votre phrase dans le but de la rendre plus fluide. Or, avec l’emploi de la préposition « à », la succession de deux voyelles génère un hiatus. Celui-ci empêche d’effectuer la distinction entre le verbe et le mot qui le suit, en même temps qu’il rend la prononciation difficile et souvent inélégante.

En effet, si « continuer » est suivi d’un verbe commençant par une voyelle, l’emploi du « à » rendrait disgracieuse votre phrase. Le cas échéant, il est donc recommandé d’employer le « de » pour préserver l’euphonie.

Continuer « à » ou « de » : un niveau de langage différent selon l’Académie française

L’Académie française demeure la référence de notre langue. Le dictionnaire Larousse, le dictionnaire Robert, ainsi que tous les autres ouvrages semblables, se basent sur ses définitions et ses explications. Voyons-donc ce qu’elle dit du verbe « continuer » et des prépositions qui le suivent.

Continuer : verbe du XIIe siècle, emprunté du latin continuare, signifiant « faire suivre immédiatement, faire succéder sans interruption ».

L’Académie précise qu’écrire « continuer de » est considéré comme une forme plus littéraire et soutenue que « continuer à ». Dans les deux cas, la préposition est suivie par des verbes à l’infinitif.

Test continuer à ou de

Continuer « à » ou « de », le test

Voici quelques exemples pour lesquels vous devez décider du choix entre « continuer à » ou « continuer de ».

  1. Robert qui porte un verre de vin à ses lèvres continue-t-il à boire ou continue-t-il de boire ?
  2. Que diriez-vous d’un homme persistant dans sa manie de trop boire ? Qu’il continuera à boire demain ou de boire demain ?
  3. Malgré l’interdiction de son professeur, un élève continue à mâcher son chewing-gum ou de mâcher son chewing-gum ?
  4. Un collègue qui vous cherche des noises tous les jours au bureau continue-t-il à vous provoquer ou continue-t-il de vous provoquer ?
  5. Bien qu’elle ait déménagé, Anna continue-t-elle à amener ses enfants au cours de musique de son ancien quartier ou continue-t-elle d’amener ses enfants à ce cours ?
  6. Malgré sa formation en français, elle continue à faire des fautes d’orthographe ou elle continue de faire des fautes d’orthographe ?
  7. Nous avons continué à accélérer notre marche pour arriver à l’heure sur le lieu ou nous avons continué d’accélérer pour arriver à l’heure ?
  8. L’usage du verbe « seoir » continue-t-il à poser des problèmes aux élèves ou continue-t-il de poser des problèmes ?
  9. Il m’emploie tous les week-ends pour continuer à ranger les garages des particuliers ou il m’emploie tous les week-ends pour continuer de ranger les garages des particuliers ?
  10. J’ai fait le choix de ce guide touristique, car il continue à dérouler son commentaire, même lorsque la visite est terminée ou parce qu’il continue de dérouler son commentaire ?

Réponses test continuer à ou de

Les résultats du test continuer « de » ou « à »

Dans les exemples cités ci-dessus, les constructions de phrases correctes sont les suivantes.

  1. Robert continue à boire son verre de vin.
  2. L’homme continuera de boire.
  3. L’élève continue à mâcher son chewing-gum.
  4. Votre collègue continue de vous provoquer.
  5. Pour assurer l’euphonie, Anna continue d’amener ses enfants au cours de musique de son ancien quartier.
  6. Malgré sa formation, elle continue de faire des fautes d’orthographe.
  7. Pour éviter le hiatus, il est préférable d’écrire ou de dire que nous avons continué d’accélérer notre marche pour arriver à l’heure sur le lieu.
  8. L’usage du verbe « seoir » continue de poser des problèmes aux élèves.
  9. Il m’emploie tous les week-ends pour continuer de ranger les garages des particuliers.
  10. J’ai fait le choix de ce guide touristique, car il continue à dérouler son commentaire, même lorsque la visite est terminée.

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Vous connaissez désormais la différence entre continuer « à » et « de », à l’écrit comme à l’oral. Pour ne plus vous tromper dans vos constructions, pensez à chaque fois que « à » se réfère à l’action et « de » est la réponse lorsqu’il s’agit « de » cesser de faire. Dressez toutefois l’oreille pour ne pas vous laisser piéger par le hiatus qui doit vous faire préférer le « de ».

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« Autant pour moi » ou « au temps pour moi »

« Autant pour moi » ou « au temps pour moi »

Doit-on écrire « autant pour moi » ou « au temps pour moi » ? Intuitivement, l’expression « autant pour moi » paraît à beaucoup plus juste, car que viendrait faire le temps dans cette histoire ? Et pourtant, la bonne orthographe est bien « au temps pour moi ». Il n’existe pas, comme souvent dans la langue française, d’ambiguïté à ce sujet, car « au temps pour moi » s’explique par son histoire, rendant ainsi l’orthographe « autant pour moi » fautive. Il demeure cependant des contestataires, mais ils sont déniés par le dictionnaire de l’Académie française qui n’accepte qu’une seule orthographe correcte : « au temps pour moi ».

 « Au temps pour moi » une expression averbale comme il en existe tant

« Au temps pour moi » est une phrase averbale, ce qui signifie qu’elle ne contient aucun verbe, le « a » étant privatif. Elle présente ainsi l’avantage de ne pas devenir un casse-tête de conjugaison et de nous éviter les fautes de grammaire !

La phrase averbale est utilisée à l’oral comme à l’écrit, le plus souvent pour signifier une exclamation ou une interrogation. En voici quelques exemples.

  • Bonnes vacances !
  • Attention à la marche !
  • Silence !
  • Quelle histoire !

Pour chacune de ces phrases averbales, on peut aisément devenir le verbe manquant.

  • Passez de bonnes vacances !
  • Faites attention à la marche !
  • Faites silence !
  • Quelle histoire vous nous contez là !

Au temps pour moi marche militaire

L’origine militaire de l’expression « au temps pour moi »

Revenons à notre interrogation concernant l’orthographe « autant pour moi » ou « au temps pour moi ». Les militaires raffolent des expressions averbales. Elles ont le mérite d’être brèves et claires à la fois, ce qui s’avère pratique pour donner des ordres, comme « repos ! », « en joue… feu ! », « en avant, marche ! » et donc « au temps pour moi ».

L’injonction « au temps ! » est utilisée dans le cadre d’exercices de gymnastique ou de danse, mais aussi dans le contexte militaire. Le temps dont nous parlons ici correspond à un instant défini où il faut exécuter un mouvement précis. Ces temps sont généralement séparés par des pauses. Cet ordre se traduit par exemple dans l’expression « une charge en quatre temps ». Il est aussi à l’origine de l’expression courante « en deux temps, trois mouvements ».

Lorsqu’une personne ne respecte pas ce temps, l’injonction « au temps ! » lui commande de reprendre le mouvement à un instant défini. Il peut s’agir de redémarrer au premier temps ou de reprendre l’exercice après l’une des pauses.

Le verbe volontairement omis est donc dans ce cas « reprendre ». « Au temps pour moi ! » signifie donc « reprenez le mouvement au temps ».

La transformation de « au temps » en « au temps pour moi »

Comment passe-t-on de l’expression « au temps » à « au temps pour moi » ? C’est très simple !

L’expression « au temps pour moi » est utilisée pour reconnaître son erreur. Dès lors, vous vous donnez vous-même l’ordre de reconsidérer – c’est-à-dire reprendre – votre raisonnement depuis le début, d’où l’ajout du « pour moi ».

Une phrase averbale peut se suffire à elle-même et ne pas attendre de complément, comme dans « Bonnes vacances ! ». Au contraire, dans la plupart des cas, « au temps pour moi » est suivi par la correction de l’erreur. « Je pensais que Napoléon était né à Bastia ; au temps pour moi, il est né à Ajaccio. »

Dans le jargon militaire, l’expression s’adresse aussi – avec quelque ironie sans doute – aux crosses des armes. En effet, lorsqu’un exercice de maniement consiste à déposer les armes à terre – donc leurs crosses – un seul bruit doit se faire entendre. Si les militaires n’agissent pas de concert, alors, l’ordre « au temps pour les crosses ! » leur intimera de recommencer l’exercice.

L’expression italienne équivalente « al tempo ! » apporte la preuve qu’il est bien question de « temps ».

On retrouve cette expression dans les chroniques militaires de Georges Courteline de 1888, Le train de 8 h 47. Il y décrit avec cocasserie l’absurdité et la routine assommante de la vie de caserne.

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« – Portez… arme ! Un temps, trois mouvements !… un ! […] Et la paume de la main droite soutenant la crosse du fusil, la main gauche encerclant le canon, ils demeuraient cinq minutes immobiles, au temps, gardant la position, la nuque cuite sous le soleil. »

« Recommencez-moi ce mouvement-là en le décomposant. Au temps ! Au temps ! Je vous dis que ce n’est pas ça ! »

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La version de l’expression « autant pour moi », vue par les contestataires

Bien que l’origine de « au temps pour moi » semble incontestable, il se trouve bien sûr des partisans de l’expression « autant pour moi » pour désavouer cette orthographe. Deux personnages célèbres en outre s’érigent contre la version militaire et préfèrent l’orthographe « autant pour moi », Maurice Grevisse et Claude Duneton.

Maurice Grevisse, le Belge francophone le plus réputé pour la maîtrise de la langue française

Maurice Grevisse (1895-1980) est un grammairien belge francophone notamment connu (et reconnu) pour son ouvrage de grammaire sans cesse tenue à jour, Le Bon Usage, une référence de la plus haute qualité.

Dans la dixième édition de cet ouvrage, en 1975, il remet en cause la graphie « au temps » et prétend que l’orthographe « autant pour moi » lui est antérieure.

Claude Duneton, historien du langage

Claude Duneton (1935-2012) est un écrivain, romancier et traducteur français, historien du langage, chroniqueur au Figaro Littéraire et comédien. Il milita toute sa vie durant pour une langue française puisant sa source dans le peuple, ainsi qu’en faveur des langues régionales, notamment l’occitan. Il était né à Lagleygeolle, dans le département de la Corrèze, en région Nouvelle-Aquitaine, ceci expliquant peut-être cela.

Claude Duneton remet en cause l’étymologie de l’expression et affirme que l’expression « au temps » dans son sens propre n’est pas utilisée par les militaires. Il assure qu’il faut comprendre le sens comme « Je ne suis pas meilleur qu’un autre, j’ai autant d’erreurs que vous à mon service : autant pour moi ».

Pour appuyer sa théorie, l’historien la compare à l’expression idiomatique anglaise « so much for » qu’il considère avoir un sens « presque analogue ». La traduction littérale de « so much for » évoque bien « autant » et n’a rien à voir avec « au temps ».

Enfin, il puise dans le dictionnaire des Curiositez françoises de 1640 son ultime argument. Il y relève la phrase « autant pour le brodeur » décrite comme « raillerie pour ne pas approuver ce que l’on dit ».

Au temps pour moi métronomeL’Académie française, le juge de paix pour départager autant pour moi/au temps pour moi

L’Académie française demeure le juge de paix pour décider de la seule graphie autorisée. Or, les immortels qui la composent sont formels : « L’origine de cette expression n’étant plus comprise, la graphie “autant pour moi” est courante aujourd’hui, mais rien ne la justifie ».

L’Académie française reconnaît qu’il s’avère impossible de savoir précisément quand et comment est apparue l’expression, mais elle confirme néanmoins son origine militaire et son utilisation pour commander la reprise d’un mouvement depuis le début.

De ce sens de « c’est à reprendre », elle aurait ensuite glissé vers l’emploi figuré. « Au temps pour moi » permet ainsi d’admettre son erreur et de concéder que l’on va reprendre depuis leur début.

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Il convient donc de s’en tenir à l’injonction de l’Académie française et de bannir l’expression « autant pour moi » au profit de « au temps pour moi ».

Écrire une biographie : les premiers pas

Écrire une biographie : les premiers pas

Voilà quelque temps déjà que vous envisagez d’écrire une biographie – la vôtre ou celle d’un proche – ou que vous souhaiteriez vous lancer dans une saga familiale. Le projet est pour le moins ambitieux, mais ardu pour quiconque n’est pas familier de l’exercice. Par où commencer ? Quels outils utiliser ? Comment rédiger et organiser un texte long ? Je vous propose de répondre à toutes ces questions, afin de vous aider dans cette réalisation d’envergure.

Écrire une biographie ou des mémoires ?

Avant de vous lancer dans la rédaction de longues pages de souvenirs, il convient de clarifier votre intention. Souhaitez-vous écrire une biographie ou des mémoires ? Ces deux genres littéraires sont souvent confondus. Ils sont en effet relativement similaires, pourtant différents.

Biographie : définition

Dans une biographie, le sujet principal est la personne dont on raconte la vie ; dans une autobiographie, le narrateur et le personnage principal se confondent et écrivent à la première personne du singulier. Dans tous les cas, écrire une biographie consiste à relater la vie personnelle et le parcours d’un protagoniste unique, au sein de son entourage.

Le personnage inspirant le récit s’engage à raconter les faits, sans tronquer la réalité. Cependant, écrire une biographie s’avère un exercice subjectif, car les événements sont racontés du point de vue de la personne, avec son ressenti qui n’est pas toujours le même que les autres témoins de son histoire.

Mémoires : définition

Dans des mémoires, le sujet principal n’est pas tant la personne, mais son époque. Ce genre littéraire exprime un témoignage d’une période passée, sans posséder de valeur historique. Les historiens pourront en effet s’appuyer sur ces mémoires, mais, sachant qu’ils sont rédigés de façon subjective, ils ne constituent en aucun cas un gage d’exactitude.

Les mémoires ont ceci de commun avec l’autobiographie qu’ils reflètent les idées de son auteur et s’ancrent dans sa vie personnelle. Le rédacteur dépeint son époque et les événements historiques avec sa sensibilité et selon sa situation personnelle, sans disposer du recul d’un historien.

Et vous ?

Opter pour l’écriture de votre autobiographie ou de vos mémoires nécessite de vous interroger sur le sens que vous souhaitez donner à vos écrits. Écrire une biographie vous permet d’expliquer comment vous avez construit votre identité et votre vie personnelle, afin que vos lecteurs comprennent mieux votre personnalité ; écrire vos mémoires vise davantage à témoigner du contexte dans lequel s’inscrit votre vie. « Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître », chantait Charles Aznavour

Les deux genres littéraires possèdent la même valeur, à vous de décider de celui qui vous sied le mieux. Quelle que soit votre décision, vous vous engagez à livrer un témoignage authentique. Vous pourriez être tenté d’ajouter des éléments à votre histoire qui vous font passer pour un héros, tandis que vous noircissez d’autres personnages qui n’ont pas l’heur de vous plaire… mais vous ne devriez pas le faire… ou alors discrètement ! Il n’est pas anormal de vouloir se donner le bon rôle, mais dans la limite du raisonnable. L’intérêt de parler de vous est aussi de brosser un portrait complexe, car nul n’est taillé d’un seul bloc.

Écrire une biographie 1

Crayon ou souris ?

Libre à vous de décider des supports sur lesquels vous travaillez. Tout dépend de votre rapport charnel avec le papier et les crayons ou stylos, ainsi que de votre habileté à maîtriser la dactylographie et l’outil informatique.

Choisissez vos outils selon vos affinités. Le cahier est idéal pour la continuité, tandis que pour établir des fiches et des chapitres que vous devrez ordonner, le classeur s’avère plus pratique. Rien ne vous empêche d’utiliser les deux.

L’informatique présente l’avantage de pouvoir être corrigé plus facilement. Il est toutefois préférable de pouvoir imprimer vos écrits, il vous sera sinon difficile de vous y retrouver au fur et à mesure que votre texte s’allongera.

Vous pouvez aussi utiliser un pan de mur où vous accrochez un tableau géant pour établir votre chronologie, réserver une colonne pour vos mémos, noter les recherches à effectuer, etc.

Quelles étapes pour écrire une biographie ou des mémoires ?

Voici quelques conseils pour vous aider à vous organiser et à vous mettre sérieusement à la tâche.

Combien de temps consacrer par jour pour écrire une biographie ?

La discipline est importante pour un écrivain. Tâchez de prendre de quelques minutes à quelques heures par jour pour écrire. Si vous n’êtes pas rompu à l’exercice, vous aurez probablement du mal à démarrer, mais vous allez progresser de jour en jour.

Il importe de pratiquer au quotidien, à l’instar d’un entraînement sportif, pour constater chaque jour des progrès qui vous encouragent à persévérer. Il n’est pas nécessaire de posséder un talent d’écrivain hors pair pour relater votre vie. Votre style se nourrit de votre personnalité et vos futurs lecteurs vous reconnaîtront et vous apprécieront grâce à cela.

Organisez votre récit en établissant un plan

Écrire une biographie n’implique pas nécessairement de respecter la chronologie. Toutefois, l’organisation de vos souvenirs exige une certaine cohérence pour être comprise de tous. Vous devez toujours vous rappeler que vous vous adressez à des personnes qui ne connaissent pas ou peu votre vie. Elles peuvent vite se perdre dans les méandres de votre histoire si vous ne recourez pas à un fil conducteur pour la jalonner.

Il n’existe pas de règle stricte pour organiser l’histoire de votre vie. Vous pouvez décider de ne pas suivre la chronologie s’il vous semble plus approprié d’organiser les événements par thème ou en naviguant entre les différentes périodes.

Votre seule obligation est de veiller à ce que votre lecteur dispose des repères essentiels pour comprendre votre histoire.

Écrire une biographie 3

Profitez de votre journal intime ou commencez à prendre des notes

Si vous avez tenu un journal intime ou griffonné des commentaires sur des cahiers ou des agendas, le temps est venu de les ressortir du placard. Ils vous seront d’une aide précieuse, car les notes et les anecdotes vous serviront non seulement de repères, mais elles permettront aussi à quelques souvenirs de revenir à la surface.

Si vous ne disposez pas de cette base appréciable, il est temps de repenser à votre vie et de noter tout ce qui vous vient à l’esprit. Vous pouvez choisir de jeter quelques notes librement, sans même former de phrases, ou de rédiger un événement ou un passage de votre vie dans son intégralité.

Prenez l’habitude de toujours porter sur vous un petit carnet pour prendre des notes, partout où vous vous rendez. Il est fréquent de voir resurgir un souvenir au moment où vous vous y attendez le moins. Votre cerveau peut être interpelé par une image, un son ou une odeur ; il est aussi probable que vos souvenirs se bousculent, justement parce que vous avez décidé de vous replonger dans votre passé, ce qui fait travailler votre inconscient.

Grâce à votre petit carnet, vous notez cet instantané qui s’offre à vous et qui enrichira bientôt votre biographie. Vous pouvez aussi vous enregistrer, sur votre smartphone par exemple.

Effectuez un tri pour éliminer les éléments que vous jugez inutiles

Écrire une biographie n’implique pas un récit exhaustif. Vous êtes libre de laisser certains événements de côté. Vous pouvez les juger inintéressants pour votre lecteur, mais aussi préférer les taire.

Nous avons évoqué plus haut la sincérité nécessaire pour ce type d’écrit, mais rien ne vous empêche de mentir par omission ! Vous pouvez en effet « oublier » certains épisodes pour des raisons qui vous regardent. Ces passages peuvent avoir été douloureux ou humiliants par exemple, ce qui vous pousse à les effacer de votre mémoire et à ne pas les divulguer. Ils peuvent aussi être indélicats et blesser d’autres personnes qui n’aimeraient pas que vous parliez d’eux. Écrire une biographie ne vous oblige en aucun cas à ouvrir votre jardin secret aux quatre vents !

Demandez à vos amis et à votre famille de compléter votre histoire

La gestion des souvenirs est personnelle. Notre cerveau a la capacité de les transformer, les brouiller, les effacer… Il apparaît souvent pertinent de vous appuyer sur vos proches et sur votre famille pour vous assurer de la véracité de certains faits ou pour rétablir la chronologie qui apparaît parfois bancale. D’autre part, si vous étiez enfant lorsqu’ils se sont déroulés, vous pouvez les avoir mal interprétés.

Interroger vos proches est aussi l’occasion de vous remémorer certains événements que vous aviez enfouis, alors qu’ils valent la peine d’être relatés dans votre biographie.

Si vous bloquez durant l’écriture sur un fait ou sur une date, utilisez un pense-bête pour vous rappeler d’interroger des personnes susceptibles de vous éclairer. Poursuivez votre travail, vous reviendrez sur ce point précis après avoir obtenu les précisions nécessaires.

Écrire une biographie 2

Plongez-vous dans les albums photo pour enrichir votre récit

Les photos et vidéos ont le don de raviver la mémoire. C’est très utile lorsque vous écrivez l’histoire de votre vie. Les images transmettent aussi des émotions qui vous aident à vous rappeler les moindres détails de certains événements. Soudain, vous vous souvenez du temps qu’il faisait, des vêtements que les gens portaient, de la couleur des rideaux, de l’odeur du jardin, du chat qui y chassait les papillons… Autant de détails qui étaient jusque-là relégués dans les tréfonds de votre esprit.

Rédigez votre premier jet

Maintenant que vous avez effectué tous les travaux de base, il est temps de vous lancer dans la rédaction de votre premier jet. Ne vous bridez pas sur la longueur et ne censurez pas le contenu, vous aurez le temps d’y revenir pour le peaufiner, l’organiser, effectuer des coupes, rectifier des détails, réparer des oublis…

Votre spontanéité et votre sincérité comptent pour beaucoup dans l’attrait de votre biographie. Soyez vous-même, vos lecteurs se sentiront impliqués et emportés par votre histoire s’ils peuvent ressentir les émotions que vous livrez. Montrez-vous généreux en anecdotes et faites fi de votre timidité. Vous devez les pousser à rire, les faire pleurer, les surprendre, les choquer, les interloquer… et par conséquent les captiver !

L’ajout de dialogues rend vivant votre récit. Tâchez de reproduire des conversations dignes d’intérêt, pouvant être émouvantes ou amusantes.

Captez l’attention de votre lecteur dès le premier mot. Racontez votre histoire comme si vous partagiez un secret et que vous laissiez votre lecteur pénétrer dans votre cercle des intimes. Vous pouvez démarrer sur un épisode dramatique ou cocasse, heureux ou malheureux, récent ou très ancien, ce qui compte, c’est qu’il intrigue et incite votre lecteur à connaître la suite.

Bien que votre vie ne soit pas une fiction, racontez-la comme un roman. Utilisez des éléments de narration pour le rendre captivant. Considérez-vous comme le personnage principal d’un film d’aventures : créez un décor, construisez une intrigue, introduisez un ressort dramatique et ne bâclez pas la fin. Certains de vos lecteurs connaissent en partie votre vie qu’ils ont pu partager pendant des périodes plus ou moins longues. Faites leur plaisir en glissant des clins d’œil qu’ils seront peut-être seuls à comprendre, mais qui les réjouiront.

Écrire une biographie, c’est écrire votre histoire, et vous seul en êtes le héros. Toutefois, comme pour tout autre livre, vous écrivez pour votre lecteur.

Revenez sur votre première version pour peaufiner votre texte

Une fois votre premier jet terminé, laissez-le reposer quelques jours, voire quelques semaines pour prendre du recul. Reprenez-le ensuite pour le peaufiner. Essayez de le lire avec distance, comme s’il s’agissait de l’histoire d’un autre. L’exercice est ardu, mais il vous aide à déterminer si certains passages s’avèrent superflus ou si au contraire il manque des éléments pour la cohérence et l’intérêt de votre histoire. Attachez-vous à repérer les faiblesses narratives et les longueurs qui pourraient ennuyer votre lecteur et le décourager de poursuivre sa lecture.

La relecture assure également une fonction pratique : vérifiez la cohérence des dates et des événements, assurez-vous que lorsque vous parlez de quelqu’un, vous l’avez préalablement présenté à votre lecteur, soyez certain que l’ordre des chapitres est cohérent…

Il est fréquent d’avoir envie de peaufiner éternellement votre prose. Vous pensez pouvoir toujours perfectionner votre biographie ; c’est aussi le moyen de repousser son impression et le moment où vous allez la faire lire à d’autres. Il arrive cependant un moment où vous devez lâcher prise et prendre la décision d’apposer le point final.

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La relecture

Lorsque vous estimez votre travail achevé, vous devez impérativement le faire relire. Le recul et l’objectivité vous font immanquablement défaut tant écrire une biographie demande une implication totale.

La relecture concerne le fond et la forme. Il s’agit de vérifier la cohérence de votre récit et de signaler si certains passages peuvent être incompréhensibles pour un œil extérieur, auquel cas vous devrez les reprendre. Il ne s’agit en aucun cas de vous juger. La relecture est aussi l’occasion de rectifier les fautes et coquilles de grammaire, orthographe et syntaxe.

Enfin, le texte doit être mis en page proprement, afin qu’il prenne la forme d’un véritable livre, avec un fichier prêt à être livré à l’imprimeur.

Vous pouvez demander à des proches d’effectuer la relecture de votre biographie. Vous pouvez sinon confier cette tâche à un relecteur professionnel.

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Écrire une biographie n’est pas une mince affaire, mais la satisfaction que vous en tirez une fois l’ouvrage imprimé est sans commune mesure. Les premiers pas sont les plus durs, mais vous pouvez prendre très vite goût à l’écriture. Et qui sait, une fois votre autobiographie terminée, vous aurez envie de vous lancer dans d’autres rédactions. Elles pourront être d’un autre genre : un roman, un recueil de poésies, un essai… ; vous aurez peut-être aussi envie d’écrire une biographie pour l’un de vos proches, un parent, un homme illustre…

Majuscule minuscule, comment savoir ?

Majuscule minuscule, comment savoir ?

Majuscule minuscule, la question se pose souvent dans la langue française. Avant de nous pencher sur le bon usage de la lettre majuscule en français, connaissez-vous la majusculite et la minusculite ? Les lettres françaises majuscules et minuscules ne peuvent pas être indifféremment employées, mais elles doivent être choisies en fonction des règles.

 

La majusculite, stop à l’abus de majuscules !

L’abus de majuscule est considéré comme une faute de français. Ne nous prenons pas pour les Allemands qui débutent tous les noms communs par une majuscule. Les majuscules en français doivent toujours être justifiées.

Si vous pensez que la lettre majuscule en impose et met en valeur un mot, son abus, au contraire la banalise et lui fait perdre tout son sens. Vous ne devez utiliser la majuscule que lorsque les règles de la langue française l’imposent.

 

La minusculite, la maladie des snobs

Si l’utilisation de la majuscule en lieu et place de la minuscule est une faute, le contraire l’est aussi. Pire, c’est une faute de goût !

Les adultes affectés par la minusculite écrivent sans complexe que victor spountz qui habite dijon envisage de passer ses vacances en vendée, avant de se rendre en norvège.

Quel superbe mépris des conventions ! Cette prétentieuse minusculite est un snobisme de faux esthète qui date du dadaïsme, mouvement intellectuel, littéraire et artistique du début du XXᵉ siècle. Tout a commencé par un canular de ses adeptes qui professaient avec humour que tous les mots sont égaux et que le privilège de la majuscule devait être aboli.

Les dadas avaient ainsi pris l’habitude d’imprimer leurs proclamations sur du papier d’emballage. Leurs écrits se chevauchaient en tous sens, mais il ne s’agissait là que de dérision. Ils poussaient même le vice en utilisant la majuscule, mais pour glorifier la dernière lettre du nom. Ainsi, ils mentionnaient victoR hugO ou alphonsE allaiS.

Cette manière provocatrice doit être considérée pour ce qu’elle fut à son époque, « une farce d’atelier que les snobs, qui sont toujours graves et ne savent pas sourire, ont pris pour argent comptant et qui s’étend aux titres génériques des émissions de télévision qui se veulent culturelles. Ce n’est pas une élégance, mais un héritage de jobarderie compliqué d’une faute d’orthographe ». (Robert Ricard, Vie et Langage, 1966)

Victor Spountz habite toujours Dijon. Il a prévu de passer ses vacances en Vendée, avant de se rendre en Norvège.

 

Majuscule minuscule : mode d’emploi

 

Voici maintenant un exposé détaillé pour savoir quand mettre une majuscule et quand lui préférer une minuscule.

Notez au passage que vous devez mettre un accent sur majuscule. Vous comprendrez pourquoi utiliser des majuscules accentuées en lisant ce court article.

 

La majuscule en début de phrase : la majuscule et le point

Chaque phrase débute par une lettre en majuscule. Par extension, après un point, on recommence la phrase avec une majuscule. On utilise aussi une majuscule après un point d’exclamation, sauf lorsqu’il suit une interjection.

Hélas ! la neige n’était pas assez abondante.

La neige n’était pas assez abondante ! Nous n’avons pas pu skier.

En revanche, il n’y a pas de majuscule après deux points, ni après un point-virgule. Dans les énumérations, vous pouvez comprendre la raison de l’usage après les deux points et le point-virgule de la majuscule ou minuscule dans cet article.

À noter

 L’abréviation de « et cætera », etc. peut être suivie de différents signes de ponctuation. Si elle est par exemple suivie d’une virgule, la phrase continue avec une minuscule.

J’ai trouvé sur le marché des citrons, pamplemousses, oranges, etc., ainsi que des melons.

Si etc. termine la phrase, le point qui indique qu’il s’agit d’une abréviation se confond avec le point qui termine la phrase et n’a pas à être doublé. La phrase qui suit débute normalement par une lettre majuscule.

J’ai acheté tous les légumes de saison : des tomates, des haricots, des petits pois, etc. J’ai fait une bonne affaire.

 

La majuscule dans le domaine géographique

Il faut mettre en majuscule la première lettre des appellations géographiques qui concernent les noms de continents, pays, régions, départements, montagnes, mers, lacs, cours d’eau, etc. En revanche, les qualificatifs qui décrivent l’endroit sont écrits tout en minuscule.

L’océan Atlantique, le lac Léman, le golfe Persique, la tour Eiffel, mais la France méridionale ou la France basque.

Les adjectifs prennent cependant une lettre majuscule lorsqu’ils font partie du nom.

La Basse-Normandie, la mer Morte, la Haute-Loire, le mont Blanc, le lac Salé.

Les appellations géographiques devenues nom commun

Les appellations géographiques devenues nom commun débutent par une lettre minuscule.

Un camembert, un havane ou du comté.

 

La majuscule nom propre, surnom, prénom, etc.

Les prénoms, surnoms et les noms de famille prennent toujours une majuscule. Lorsqu’un adjectif ou un nom commun est utilisé comme surnom ou fait partie du nom, il est aussi écrit avec une majuscule.

Alexandre le Grand ou Georges Clemenceau, dit le Tigre.

Les noms de dynasties

Les noms de dynasties sont considérés comme un nom de famille en majuscule.

Les Capétiens, les Bourbons, les Valois.

Les noms des habitants d’un pays

Les noms des habitants d’un pays sont toujours écrits avec une majuscule. En revanche, il ne faut pas confondre avec l’adjectif ou le nom commun qui, lui, s’écrit avec une minuscule.

Un Allemand, marié à une Française, qui aime les peintres italiens peut préférer la cuisine française, même lorsqu’elle est servie dans un restaurant suisse, en Belgique.

Les noms passés dans le langage courant

Certains noms propres deviennent avec le temps des noms communs et dans ce cas abandonnent leur majuscule.

On dira d’un hypocrite doublé d’un menteur qu’il est un tartuffe, en hommage au personnage de Molière. Au féminin, on pourrait parler de sainte-nitouche, toujours en minuscule, en hommage à la Saincte Nytouche (sainte qui n’y touche pas), en référence cette fois-ci à Rabelais et son Gargantua.

 

La majuscule pour les noms d’étoiles, planètes, divinités, signes du zodiaque, fêtes, rues, monuments, vaisseaux, œuvre d’art, etc.

La première lettre de ces mots est en majuscule.

Sirius, Uranus, la Providence, la Toussaint, Noël, le signe du Capricorne, la rue du Sabot, l’avenue des Pins, le Colisée, le Titanic, l’Angélus de Millet.

 

Les noms d’institutions, de sociétés savantes, religieuses ou politiques

La première lettre minuscule ou majuscule dépend si l’on parle de l’institution (en majuscule) ou d’un lieu (en minuscule).

L’État, l’Église, le Sénat, l’Assemblée nationale, l’Académie française, la Légion d’honneur, ministère de l’intérieur.

L’état des finances, mais les finances de l’État.

L’Église désigne l’institution, alors que l’église de Dole correspond au bâtiment. Les Dominicains concernent l’ordre, mais il s’agit d’un couvent de dominicains.

Le mot saint ne prend pas de majuscule pour désigner une personne, comme saint Paul, sauf Saint Louis. Le mot Saint prend une majuscule lorsqu’il fait partie d’un nom de famille, de lieu ou d’événements.

La rue Saint Jacques, la place Saint Marc, les feux de la Saint Jean.

 

La majuscule des noms de points cardinaux

Les points cardinaux désignant des régions géographiques particulières prennent des majuscules.

Les pays de l’Est, les départements de l’Ouest, les gens du Midi, les vins du Sud-Ouest, le pôle Nord.

 

La majuscule pour les dates et les faits historiques

Les jours de la semaine et les mois de l’année ne prennent pas de majuscule, sauf lorsqu’il s’agit d’une date précise.

Le Jeudi Saint, la révolution d’Octobre, la Première Guerre mondiale.

Les périodes historiques prennent des majuscules.

Le Moyen Âge, l’Antiquité, le Tertiaire.

 

La majuscule pour les noms de fonction, titres et dignités

Les noms des fonctions et titres demeurent en minuscules lorsque l’on évoque la fonction : le maire, le préfet ou le président. Cependant, ces titres prennent une majuscule dès lors que l’on s’adresse à la personne, car on peut considérer que la fonction remplace le nom.

Je vous écris, Monsieur le Maire, Messieurs les Conseillers municipaux et Madame la Présidente, pour vous informer que j’ai rencontré Sa Majesté la semaine dernière.

Sa Majesté ou Votre Sainteté, car les titres honorifiques s’écrivent avec une majuscule.

 

La majuscule pour les noms d’organisations, ministères, associations, etc.

Les noms d’organismes lorsqu’on en parle en général ne débutent pas par une majuscule.

Le conseil municipal, le musée, le collège, la mairie de Rennes, la cour d’appel de Dijon.

Ils prennent une majuscule lorsqu’il s’agit d’un organisme spécifique.

Le Conseil de l’Europe, la Bibliothèque nationale.

 

La majuscule pour les noms d’acronymes et de sigles

Pour les acronymes (sigles pouvant être prononcés comme un mot), seule la première lettre prend une majuscule.

L’Unesco, la Nasa, l’Onu.

Pour les sigles (abréviation composée à partir des lettres initiales d’un ensemble de mots), il faut tout écrire en majuscule.

Une ONG, la SNCF.

Les sigles devenus noms communs s’écrivent tout en minuscule.

Un ovni, le sida.

La majuscule pour les titres et les sous-titres

La règle pour les titres et les sous-titres est assez complexe et je vous conseille de lire le détail dans l’article qui est dédié à ce sujet.