Dans la série des pléonasmes, s’il ne fallait en citer qu’un, ce serait celui-ci : Au jour d’aujourd’hui, tant cette expression grignote chaque jour des « parts de marché » !
Cette locution s’est d’abord fait remarquer au détour de conversations anodines. Elle s’est ensuite insidieusement invitée un peu partout, jusqu’à s’imposer dans les colonnes des articles de presse, utilisée par des gens dont on pourrait exiger qu’ils respectent a minima la langue française…
Désormais, Au jour d’aujourd’hui a colonisé toutes les strates de la société française. Nos « zélites » qui causent dans le poste de radio ou de télévision, usent et abusent de cette expression absurde, convaincus qu’ils sont que, plus ils utilisent de mots, plus ils impressionnent le bas peuple. Malheureusement pour eux, cette formule doublement pléonastique met en lumière leur suffisance, doublée de leur ignorance.
Pourquoi doublement pléonastique ?
Né au XIe siècle, hui – mot d’ancien français signifiant « en ce jour » – se suffisait à lui-même. Il descendait du latin hodie, lui-même contraction de hoc die. Son cousin espagnol se nommait hoy, et son autre cousin italien oggi.
Que s’est-il donc passé ? Hui avait-il des complexes d’infériorité à cause de sa petite taille ? Pourtant, hoy n’était pas plus long ! Toujours est-il que huy se mua en aujourd’hui, soit « au jour de ce jour ».
Et c’est ainsi que ce pléonasme fit son entrée dans la langue française et y demeura.
Nul n’explique l’apparition de l’expression Au jour d’aujourd’hui qui signifie donc « au jour du jour de ce jour », mais on ne peut que déplorer sa prolifération.
Comme l’indique l’Académie Française, on peut utiliser Aujourd’hui ou Ce jour, ou, si l’on souhaite proposer une formule plus originale, mais juste, il est possible de recourir à la tournure ancienne Ce jour d’hui.
Mais Au jour d’aujourd’hui, jamais !